Votre navigateur est obsolète Le site que vous visitez ne peut être visualisé que sur un navigateur moderne. |
[GUIDE] Comment passer à l’agriculture bio ?
06/06/2019 - 5 min de lecture
Rubrique : Création et installation
tout un mag pour vous
La production bio française a doublé en cinq ans. Et son essor ne faiblit pas : le rythme des conversions se poursuit et ce sont aujourd’hui 9,5% des exploitations françaises qui sont engagées en agriculture biologique (AB). Mais se convertir à l’AB ne se fait pas du jour au lendemain. Avant de sauter le pas, le projet doit être mûrement réfléchi. Guide pratique pour faire le point sur ce changement de cap que constitue la conversion bio.
Qu’est-ce que l’agriculture biologique ? Un label, un cahier des charges, un mode de production, une philosophie ? Le règlement européen, qui encadre les pratiques de l’AB chez tous les Etats-membres, en donne cette définition : « La production biologique est un système global de gestion agricole et de production alimentaire qui allie les meilleures pratiques environnementales, un haut degré́ de biodiversité́, la préservation des ressources naturelles, l'application de normes élevées en matière de bien-être animal et une méthode de production respectant la préférence de certains consommateurs à l'égard de produits obtenus grâce à des substances et à des procédés naturels ».
L’utilisation de produits chimiques de synthèse ainsi que l’azote minéral sont interdits pour les productions végétales. Celles-ci doivent être liées au sol, c’est-à-dire que la production hors-sol n’est pas autorisée. La fertilisation organique et la rotation des cultures font partie des piliers de l’AB.
En élevage, l’accès au plein air est obligatoire pour les animaux. Ceux-ci sont nourris avec des aliments issus de l’agriculture biologique et les traitements hormonaux ne sont pas autorisés.
Les raisons pour passer au bio sont multiples. Envie de diminuer le recours aux produits phytosanitaires, de rechercher l’autonomie d’intrants, de modifier la façon de commercialiser ses produits, de bénéficier de meilleurs prix de vente…
L’attente sociétale est forte et le gouvernement français a lancé des annonces ambitieuses dans le cadre du programme Ambition bio : passer la SAU à 15% d’agriculture bio d’ici 2022 et instaurer 20% de bio dans la restauration collective.
Le passage au bio est un projet conséquent qui demande un temps de maturation. C’est un choix qui modifie sa façon de travailler, sa stratégie de commercialisation, son organisation du travail, ses investissements ou encore ses revenus.
La première étape pour construire un projet de conversion bio consiste à s’informer, visiter des exploitations et rencontrer des producteurs qui se sont engagés dans la démarche. Dans chaque département, il existe des structures pouvant apporter des conseils aux agriculteurs souhaitant s’informer sur l’AB : réseaux de producteur bio, Chambres d’agriculture, Ceta, Organisations de producteurs…
Une étude économique est nécessaire afin de bien visualiser les besoins en trésorerie que nécessitent les premières années de conversion. Des sessions de formation sont également organisées dans les départements.
Une fois la conversion enclenchée, il est nécessaire de se notifier auprès de l’Agence bio, puis auprès d’un organisme certificateur. Il en existe 10 en France, qui sont agréés pour contrôler les exploitations déclarées en bio.
La période de conversion varie en fonction des productions : 2 ans pour les cultures annuelles et l’herbe en alimentation animale, 3 ans pour les cultures pérennes. Durant cette période, l’agriculteur doit respecter le cahier des charges de l’AB mais ses produits ne sont pas encore vendus comme tels.
Pour soutenir cette transition, des aides publiques existent : l’aide PAC à la conversion, d’une durée de 5 ans, les aides régionales, qui dépendent des collectivités territoriales, et le crédit d’impôt bio.
Certaines banques proposent également des offres spécifiques pour soutenir les conversions en bio. C’est notamment le cas du Crédit Agricole qui a lancé en février 2019 une offre bancaire et assurantielle spécifique aux agriculteurs en conversion ou en installation bio.
Georges Guezenoc, producteur dans le Finistère. En bio depuis 2006 sur 95 hectares dont près de la moitié en légumes de plein champ.
« Avant ma conversion, je produisais des endives et des échalotes en plein champ, dans un contexte économiquement difficile. Lorsque mon associé avec qui j’étais en Gaec est parti, je me suis demandé comment rebondir. J’étais en contact avec les producteurs bio de ma coopérative, que je trouvais intéressants techniquement. Ils m’ont donné envie de me convertir et je me suis lancé en 2006. Techniquement, cela n’a pas été facile. Passer en bio, ce n’est pas copier-coller les pratiques du conventionnel ! Il faut repenser l’agronomie, allonger les rotations, prévenir des problèmes sanitaires.
L’un de mes atouts est d’avoir une large gamme de produits : endives, échalotes, potimarrons, brocolis, oignons, épinards, petits pois, haricots verts, mais aussi maïs, orge de printemps et un mélange avoine et féverole. Il y a une vraie dynamique de conversion sur notre secteur. Au sein de ma coopérative, le Cerafel, sur 2000 producteurs il y en a 120 en bio, dont la moitié sont des jeunes, et entre 25 et 30 sont en conversion. Aujourd’hui, ma fille s’installe avec moi et mon fils a repris une serre désaffectée à proximité pour produire des légumes, en bio lui aussi ».
Gérard Michaut, céréalier dans l’Yonne, ancien président de l’Agence bio. En bio depuis 20 ans sur 135 hectares.
« Je me suis installé en 1989, en conventionnel à l’époque, sur 30 hectares de grandes cultures, ce qui ne suffisait pas à vivre. Pour baisser mes charges, j’ai d’abord commencé par arrêter le labour. Je me suis ensuite demandé comment améliorer encore mes marges. Et j’ai décidé qu’au lieu d’investir dans des intrants qui permettent de produire plus, je préférais produire moins, mais vendre à meilleur prix. Je me suis donc converti à l'agriculture bio, cela fait vingt ans maintenant. Petit à petit, ma ferme s’est agrandie, je suis aujourd’hui sur 135 hectares et je travaille en coopération avec mes deux voisins. A nous trois, nous cultivons 450 hectares avec du matériel en commun et beaucoup d’entraide. Ne pas être seul est indispensable, surtout en cas de coup dur.
L’un des piliers pour produire en bio est la diversité des cultures. Pour certains agriculteurs, le blé représente 50% de leurs surfaces. Chez moi, c’est moins de 20%. Je produis entre 8 et 10 espèces de céréales et oléo-protéagineux différentes. Cela permet de redécouvrir certaines cultures, comme l’épeautre, qui est recherché par les personnes intolérantes au gluten. Ou encore l’avoine, qui auparavant était destiné aux chevaux et que l’on retrouve maintenant dans les petits déjeuners des humains ! »
Retrouvez toute l’actualité agricole sur pleinchamp.com
© Pleinchamp – Juin 2019
Article à caractère informatif et publicitaire.
TOUT UN MAG POUR VOUS