Albédo et forçage radiatif : voici deux termes encore un peu (beaucoup) méconnus mais qui pourraient très bientôt prendre davantage la lumière, attendu qu’ils ont à voir avec le changement climatique, lequel s’insinue chaque jour ou presque dans notre quotidien.
L’albédo, ou réflectance, est la capacité d’un matériau à absorber et/ou à réfléchir le rayonnement solaire. Sa valeur est comprise entre 0 et 1, la valeur 0 traduisant une réflexion nulle (ou une absorption totale), la valeur 1 signifiant une réflexion totale (ou une absorption nulle). L’albédo se mesure au moyen d’un albédomètre, qui calcule le ratio entre le rayonnement solaire et le rayonnement réfléchi par une surface, qu’il s’agisse du sol, d’une prairie ou encore d’une culture.
Le forçage radiatif traduit l’albédo en terme énergétique. Exprimé Watt par mètre carré (W/m2), il caractérise la contribution au réchauffement, ou au contraire au refroidissement, d’une surface selon l’albédo de cette dernière.
UN PROJET CASDAR SUR TROIS ANS
Et alors ? L’herbe des prairies a potentiellement un albédo plus élevé que les autres végétaux cultivés, et elle en prime l’avantage de couvrir le sol toute l'année. Dans le cadre d’un projet Casdar « Albédo prairies », conduit par l’Institut de l’élevage, le Ciirpo (Centre interrégional d‘information et de recherche en production ovine) et le Centre d’études spatiales sur la biosphère (Cesbio), des chercheurs ont étudié durant plus de trois ans l’albédo des prairies au sein de sept fermes expérimentales disséminées sur toute la France, représentatives de quatre filières (bovins lait et viande, ovins viande, caprins lait). Ils ont évalué l’incidence de différents paramètres tels que le mode d’exploitation (fauche, fauche des refus, pâture), le chargement ou encore les conditions météorologiques. Les résultats complets de ce programme seront dévoilés lors d’une journée de restitution, programmée le 1er juin à Paris.
L’EFFET « REFROIDISSANT » DES PRAIRIES
Dans un article paru l’an passé dans la revue Fourrages (n°251), éditée par l’Association francophone pour les prairies et les fourrages (AFPF), les porteurs du projet ont livré les premiers résultats de leurs travaux. En prenant comme référence un sol nu, le forçage radiatif des prairies, calculé à partir des dynamiques d’albédo, s'avère négatif, ce qui signifie un effet refroidissant sur le climat. Cette valeur est en moyenne plus négative en été (-11.1 W/m2) qu’en hiver (-3.1W/m2) en raison de la présentation accrue de végétation combinée à un rayonnement solaire plus élevé.
En plus de leur faculté à séquestrer le carbone, les prairies seraient ainsi potentiellement porteuses d’un second levier d’atténuation du changement climatique. L’albédo équivaudrait à 20% de l’effet stockage de carbone. Mais à la différence du stockage, dont l’effet additionnel s’amenuise avec le temps, l’albédo demeure constant dans le temps. De quoi revisiter l’empreinte carbone des prairies et au-delà des élevages de ruminants, qui sont par ailleurs émetteurs de gaz à effet de serre, sous l’effet, principalement, de la fermentation entérique et des émanations des effluents.
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© Pleinchamp – Mai 2023
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